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ter la compagne de chaîne de sa fille, pour l’aider à porter le lourd boulet du mariage qu’elle avait rivé aux pieds de cette douce enfant, Mme Gilquin se laissa crouler à la première atteinte de la maladie. Elle accepta bien les soins et les remèdes d’Hermine, mais il y avait en elle quelque chose qui se refusait à vivre davantage.

Autour d’elle, et Hermine comme tout le monde, on s’était habitué à son état. On ne devinait pas qu’elle était blessée au plus profond de l’être, qu’elle était minée par un mal moral bientôt aggravé en mal physique, et que l’atmosphère où elle respirait lui était mortelle. Elle ne vivait plus, pour ainsi dire, toujours dans l’attente d’une catastrophe, et n’osant confier à sa fille ses prévisions et ses frayeurs. Il était bien impossible de déchiffrer cette énigme de souffrance cachée. On la voyait mieux un jour, plus mal le lendemain, pour la voir renaître encore, mais on ne s’apercevait