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le dire. Elle avait la sensation qu’elle était abandonnée, seule au monde, repoussée de partout. Elle revoyait la vieille à profil d’aigle qui l’avait si durement éconduite. Elle frissonnait en songeant que tout à l’heure il lui faudrait retrouver François Jarry, qui, sans doute, l’interrogerait brutalement, et peut-être, la battrait. Elle ne trouverait pas de protection auprès de sa mère, de plus en plus abattue et triste, qui ne quittait plus sa chambre, ne savait plus rien de ce qui se passait dans la ferme. Oui, Hermine était bien seule.

Elle sentit à ce moment une caresse sur sa main, la caresse d’une gueule haletante et d’une langue de chien. Elle ouvrit les yeux et sourit à Pyrame, le gardien des troupeaux de son père, un vieux chien de berger, gris de poil, haut sur pattes, les flancs maigres, qui courait sans cesse autour de la maison, toujours inquiet de la brebis égarée, de l’agneau retardataire.