Page:Gazier - Mélanges de littérature et d’histoire, 1904.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en termes excellents, et en cela il suivait l’exemple de Malherbe, le tyran des mots et des syllabes, l’exemple de tous les grands écrivains du siècle du Louis XIV et du sien.

Est-ce à dire qu’avant le xixe siècle personne n’ait tenté de réglementer l’orthographe, de la ramener à des principes un peu plus fixes ? On se tromperait étrangement si l’on avait cette pensée, car les essais de réforme ont été très nombreux ; mais tous ont échoué devant l’indifférence ou le mauvais vouloir des lettrés, des grammairiens et du public lui-même. Au xvie siècle il y avait déjà deux partis en présence ; les uns prétendaient que l’on doit tenir le plus grand compte de l’étymologie, et pour faire étalage de leur science ils introduisirent une infinité de lettres qui ne se prononçaient pas ; ils écrivirent aultre, tiltre, advocat, espic, et même scavoir, parce que ce mot leur paraissait dériver du latin scire comme les précédents dérivaient de spica, advocatus, titulus, alter. D’autres, au contraire, voulurent conserver dans la mesure du possible les façons d’écrire que leur avait transmises le moyen âge, et quelques-uns poussèrent l’amour de la réforme aussi loin que l’ont pu faire les révolutionnaires de nos jours. C’est ainsi que Sylvius (Jacques Dubois), Meigret, Pelletier du Mans et Ramus au xvie siècle, Lesclache et Lartigault au xviie, pour citer seulement les principaux, prétendirent rapprocher l’écriture de la prononciation, et constituer une orthographe nouvelle. Mais ces réformateurs s’accordaient si mal entre eux qu’ils devinrent la risée du public. Un grammairien célèbre du xviie siècle, Régnier-Desmarais, s’est même amusé, pour faire voir le ridicule de