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leure de toutes les conseillères quand il est question de prendre un parti, je veux dire l’histoire ? En politique, ceux qui la savent bien ont sur tous les autres une supériorité marquée ; il pourrait en être de même dans le cas présent, puisque notre orthographe a son histoire, et une histoire fort curieuse. Nous nous plaignons des bizarreries, des « chinoiseries » de l’orthographe moderne, mais a-t-elle toujours existé telle que nous la voyons ? Les siècles qui nous ont précédés ont-ils attaché à la manière dont on écrit les mots autant d’importance que nous ? Exigeait-on dans les différents examens, — car il y a toujours eu des examens, et sans doute il y en aura toujours, — des compositions parfaitement orthographiées ? Méprisait-on les personnes qui n’écrivaient pas « congrûment, » pour employer l’adverbe cher à Bélise ? Enseignait-on dans les collèges, dans les écoles primaires ou dans la famille, quand il s’agissait d’une éducation particulière, cette science qui tient une si grande place dans notre pédagogie contemporaine ? Tâchons de répondre à ces différentes questions ; jetons un coup d’œil sur le passé pour éclairer le présent, voyons ce qu’a été l’orthographe de nos pères ; peut-être nous sera-t-il facile alors de juger ce que pourrait, ce que devrait être la nôtre, ou du moins celle de nos enfants.

On sait avec quel soin les instituteurs et autres maîtres de la jeunesse enseignent l’orthographe à leurs élèves : ils leur font faire par centaines, sinon par milliers, des dictées et des exercices de toute nature, orthographiques ou cacographiques ; ils punissent sévèrement quiconque a péché par ignorance ou par étourderie ; ils encouragent les autres en prodiguant les