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aux Archives les doléances des intendants, des nobles et des privilégiés de toute sorte que la Révolution atteignait le plus directement. Assurément l’historien doit tenir compte de ces récriminations, comme il doit flétrir l’émeute et le brigandage en applaudissant aux progrès accomplis et aux revendications légitimes ; mais ne voir dans le grand mouvement de 1789 que les incidents fâcheux qui l’ont accompagné, c’est pour ainsi dire reprocher au soleil d’été qui mûrit nos moissons de dessécher çà et là quelques mares et d’en faire périr les habitants. On ne persuadera jamais aux hommes du xixe siècle que la Révolution française ait été un retour à l’état sauvage préconisé par J.-J. Rousseau ; ce n’est point une « dissolution, » comme l’a dit M. Taine, c’est véritablement une rénovation.

Agréez, etc.

Lors de l’apparition de cette lettre, insérée dans la Revue politique du 30 mars 1878, l’auteur fut mandé à quelques jours d’intervalle chez Ernest Renan, qui habitait alors rue Saint-Guillaume, et chez Hippolyte Taine, rue Barbet-de-Jouy. « Vous avez raison contre Taine, dit tout d’abord Renan, c’est un esprit faux. » Et il se mit à parler longuement de la Révolution, de la persécution religieuse en Bretagne, des messes célébrées en cachette dans les granges, de sa vieille grand’mère et de l’intérêt que présente cette partie de notre histoire.

Quant à Hippolyte Taine, il accueillit son contradicteur avec beaucoup d’affabilité, et après lui avoir