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pour le moment, monsieur le directeur, je voudrais simplement dépouiller le tome CCXXII de la collection Grégoire, et ajouter aux citations de M. Taine quelques témoignages de même valeur dont le nouvel historien de notre Révolution n’a pas eu connaissance.

Grégoire conçut en 1790 le projet de substituer la langue française aux trente dialectes que parlait alors une bonne moitié de la France ; mais, auparavant, ce sage et savant législateur voulut connaître ces patois qu’il fallait détruire ; il voulut se rendre un compte exact de leur importance historique, littéraire, politique ou morale. Il dressa donc une liste de quarante-trois questions posées avec méthode, il fit imprimer cette liste, et il la répandit à profusion dans les provinces. Après s’être enquis en détail de tout ce qui concerne les patois, Grégoire élargissait le cadre de ses demandes ; il s’intéressait à l’enseignement primaire, aux lectures des paysans, à la nature de leurs préjugés, etc. ; enfin il adressait à toute la France les questions suivantes :

« — 39. Depuis une vingtaine d’années [les habitants de la campagne] sont-ils plus éclairés ? Leurs mœurs sont-elles plus dépravées ? Leurs principes religieux ne sont-ils pas affaiblis ?

« — 40. Quelles sont les causes et quels seraient les remèdes à ces maux ?

« — 41. Quels effets moraux produit chez eux la Révolution actuelle ?

« — 42. Trouve-t-on chez eux du patriotisme, ou seulement les affections qu’inspire l’intérêt personnel ?

« — 43. Les ecclésiastiques et les ci-devant nobles ne sont-ils pas en butte aux injures grossières, aux outrages des paysans et au despotisme des maires et des municipalités ? »

On répondit à Grégoire avec un zèle que n’auraient