Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 2.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leurs affaires à tel point que les mandataires de l’archevêché parlaient de signatures à exiger, de refus possibles de sacrements et même de sépulture religieuse. Il fallut intervenir un vigoureux article de journal amena les persécuteurs à résipiscence en établissant qu’un enterrement civil de religieuse en 1881 ce serait un singulier anachronisme. Les Sœurs de Sainte-Marthe purent se retirer sans être inquiétées ; elles abandonnèrent l’hôpital Saint-Antoine, siège de la communauté, elles se dispersèrent, et un certain nombre d’entre elles, groupées autour de la Sœur Sébastien, leur supérieure, vinrent habiter leur maison de Magny-les-Hameaux.

C’est là qu’elles s’éteignirent doucement les unes après les autres. On leur avait ôté le souci des choses temporelles, et l’évêque de Versailles, Mgr Goux, avait autorisé le curé de Magny, l’abbé Finot, auteur d’un bon livre de vulgarisation intitulé Port-Royal et Magny, à les traiter avec une extrême douceur. En mars 1918, au plus fort du bombardement de Paris, on enterrait à Magny la dernière des Sœurs de Sainte-Marthe, la Sœur Simon, que M. André Hallays a représentée si touchante quand elle montrait aux visiteurs émus le masque mortuaire de la Mère Angélique[1]. Elle repose avec ses anciennes compagnes et avec les anciennes supérieures de l’ordre de Sainte-Marthe dans le cimetière de Magny ; c’est bien ainsi que devait finir une congrégation qui avait si fidèlement conservé l’esprit de Port-Royal.

La congrégation des Frères Saint-Antoine finit moins bien. À Frère Bonaventure Hureau succéda en 1869

  1. Ce masque était en dépôt chez les sœurs de Magny, il est aujourd’hui au musée de Port-Royal des Champs.