Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 2.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Monseigneur ? – Oui et non ; je n’y suis jamais entré, et je ne sais même pas où elle se trouve, mais on m’a prêté, grâce à M. Parent Duchâtelet, des livres précieux qui en provenaient. Entrez-y ; vous y trouverez des trésors ! » J’avais peine à garder mon sérieux, car j’avais sur moi la clef de la mystérieuse bibliothèque, et je répondis en très bon disciple d’Escobar, que c’était cruel d’infliger ainsi aux gens le supplice de Tantale.

Peu de temps après, je me trouvai avoir des relations d’un tout autre genre avec deux membres du haut clergé ; avec l’abbé Fuzet, alors secrétaire général de la Faculté catholique de Lille, mort depuis, comme l’on sait, archevêque de Rouen, et avec Mgr Ricard, prélat de la maison du pape et professeur à la Faculté de théologie d’Aix. C’est une histoire sur laquelle j’ai gardé trente ans le silence le plus absolu, mais aujourd’hui elle peut être dévoilée sans inconvénient. Collaborateur de la Revue historique, je reçus pour en rendre compte un livre nouveau qui avait pour titre Les Jansénistes du XVIIe siècle, leur histoire et leur dernier historien, M. Sainte-Beuve, par l’abbé Fuzet. Les revues bien pensantes le présentaient au public comme un chef-d’œuvre. Je l’étudiai sans parti-pris, et avec un véritable désir d’en dire du bien, mais je fus indigné en voyant comment l’auteur avait traité son sujet ; c’était un pamphlet d’une extrême violence. Je publiai donc dans la Revue historique un des articles les plus sévères, les plus durs peut-être qu’elle ait fait paraître, et l’auteur ne répondit pas. Quelques années s’écoulèrent et je ne pensais plus à cette affaire, lorsque parut sous la signature de Monsignor Ricard un livre du même genre, encore plus farci de calomnies, d’invectives et d’outrages. Je repris la plume, dans la Revue critique cette fois, et un nou-