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réputés jansénistes. En 1794, l’archevêque de Florence publiait aux frais du grand duc de Toscane le célèbre catéchisme de Montpellier, chef-d’œuvre de l’oratorien Pouget ; à Naples, on imprimait en italien et en français le non moins célèbre catéchisme de Gourlin. On traduisait à Venise, à Turin, à Rome, partout enfin, les Lettres spirituelles de Duguet, les œuvres de Nicole, l’Histoire ecclésiastique de Bonaventure Racine, et les ouvrages plus récents de Rastignac, de Mésenguy et de Montazet. Le 9 avril 1797 paraissait sous la rubrique de Pavie un article très curieux sur la prétendue alliance des Jansénistes et des Philosophes ; on y combattait vigoureusement le molinisme et on exaltait les doctrines augustiniennes. L’étude des Nouvelles ecclésiastiques serait à recommander aux savants italiens qui voudraient bien connaître le renouvellement du catholicisme en Italie au temps de Scipion de Ricci, de Thomas Vignoli, de Tamburini, de Molinelli et d’Eustache Dégola, ce prêtre génois qui assista au concile de 1801, et que nous retrouverons sous l’Empire à propos de Manzoni et du premier centenaire de la destruction de Port-Royal.

La publication des Ruines de Port-Royal par Grégoire correspondait à un mouvement de l’opinion publique très prononcé en faveur du prétendu jansénisme, et Bonaparte négociateur du Concordat aurait pu en tenir compte. Il y avait des jansénistes dans son entourage immédiat, notamment Portalis et Locré, secrétaire général du Conseil d’État[1]. Ni ceux-là, ni les canonistes Maultrot, Camus, Agier, ni leur maître à tous, l’octogénaire Adrien Le Paige ne l’auraient

  1. Bonaparte mit son jeune frère Jérome en pension chez M. Savouré ; c’était une institution notoirement janséniste.