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alors membre de la commission des hospices ; il se joignit à son beau-père Laideguive, et ils achetèrent ensemble, je ne saurais dire dans quelles conditions, les anciens portraits qui provenaient de Port-Royal des Champs. On les avait relégués dans le grenier, parce que le couvent de Paris était au xviiie siècle la citadelle du molinisme ; seuls les deux tableaux de Philippe de Champaigne représentant la Cène et les Religieuses étaient exposés dans l’église et dans le chapitre. Ils furent retenus par le gouvernement et transportés au musée des monuments français. Les autres devinrent la propriété de Camet de la Bonnardière, et c’est ainsi que ces toiles sont aujourd’hui dans l’église de Linas ou chez des particuliers. Ainsi reparurent au jour des chefs-d’œuvre de Philippe de Champaigne que le fanatisme avait cachés à tous les yeux durant quatre-vingts ans. On voit par là que Port-Royal commençait à revivre, et qu’il comptait des amis dans les hautes classes de la société française, dans la magistrature, dans le clergé, parmi les érudits et les savants, et enfin dans le commerce et dans l’industrie. Les port-royalistes étaient nombreux dans cette intéressante Société de philosophie chrétienne dont Grégoire a été le fondateur en 1797[1]. Ils faisaient chaque année, sans doute au mois d’octobre, un pèlerinage à Port-Royal des Champs, et ils venaient prier au milieu des décombres que recouvraient alors les épines et les ronces. Quelques-uns d’entre eux, et notamment les évêques Saurine, Debertier, Clément et Grégoire, étaient reçus à Saint-Lambert chez Mme Desprez, durant la belle saison, et c’est ainsi que

  1. Cf. A. Gazier, Études sur l’histoire religieuse de la Révolution française, p. 282 et suiv.