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et notoirement jansénistes. Mme Desprez ne s’en tint pas à cette première acquisition ; elle acheta le 1er août 1793 de vastes terrains provenant de l’ordre de Malte, commanderie de la Brosse, et elle les paya 82.000 francs. En 1798 enfin, elle acheta à Saint-Lambert l’ancien presbytère et quelques autres immeubles qui lui coûtèrent 61.900 francs. C’est à dater de ce moment qu’elle habita à Saint-Lambert, la maison de Le Nain de Tillemont, le pensionnat actuel. En 1797 elle avait loué Port-Royal au fermier Barat, qui payait son loyer partie en numéraire et partie en comestibles et denrées[1].

Le monastère de Paris ne fut pas mis en vente comme bien national, et l’on sait qu’il fut transformé en prison sous le nom de Port-Libre avant d’être affecté au service des enfants trouvés et des femmes en couches. Les amis de Port-Royal trouvèrent moyen d’y faire, en 1792, une ample moisson de souvenirs et d’objets d’art. Jean-Philippe-Gaspard Carnet de la Bonnardière, le citoyen Carnet au temps de la Révolution, et ensuite M. le baron de la Bonnardière, était

  1. Le détail de ces comestibles et denrées est intéressant pour l’histoire économique :

    48 quintaux de farine à raison de 15 livres le quintal.
    24 setiers d’avoine, à 15 livres le setier ;
    1 setier d’orge à 12 livres ;
    400 bottes de foin à 30 livres le cent.
    1.000 bottes de paille à 15 livres le cent.
    Le voiturage à Paris de 12 cordes de bois à raison de 24 livres la corde.
    3.000 œufs à 40 livres le millier.
    300 livres de beurre à 20 sols la livre.
    24 poulets bons et marchands, moyennant 24 livres.
    6 dindes, bonnes et marchandes à raison de 3 livres l’une ;
    12 canes et canards à raison de 30 sols la pièce ;
    12 chapons, moyennant 9 francs.

    Acte passé à Chevreuse, chez le notaire Cornillet, le 6 floréal, an V.
    (25 avril 1797).