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furent publiées chez un libraire d’Utrecht nommé Schelling, et elles avaient pour rédacteur en chef un ecclésiastique très respectable, l’abbé Mouton, qui les fit paraître jusqu’à la fin de mai 1803[1]. Nous y retrouverons l’histoire du mouvement janséniste après la Terreur et sous le Consulat, et nous constaterons une une fois de plus que l’esprit de secte n’a rien eu à voir avec la restauration du catholicisme en France.

La Constitution civile du clergé, qui n’était pas née viable, fut emportée par le torrent révolutionnaire en novembre 1793, et lorsque le courageux Grégoire eut arraché à la Convention le décret du 21 février 1796 sur la liberté des cultes, ni lui, ni aucun des évêques constitutionnels qu’il s’était associés ne songea à la faire revivre. Il ne pouvait pas être question de revenir en arrière, de demander pardon au pape et de rappeler ceux des anciens évêques qui n’étaient ni morts, ni abdicataires, ni émigrés ; les grands chrétiens qui avaient à cœur de rendre à la France la religion de Bossuet crurent qu’il serait possible de faire appel à tous les prêtres de bonne volonté, jureurs ou non jureurs, pourvu qu’ils acceptassent franchement le régime que s’était donné la France républicaine.

Au lendemain de la Terreur et jusqu’au Concordat, la situation devint très nette ; il n’y eut plus ni constitutionnels ni anticonstitutionnels ; il y eut deux clergés : celui qui acceptait sans arrière-pensée le régime républicain, et celui qui refusait de l’admettre, le clergé patriote et le clergé royaliste. Tous deux pro-

  1. Guénin de Saint-Marc revint à Paris après la Terreur ; il travailla aux grandes publications des évêques réunis et de la Société de philosophie chrétienne.