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messieurs, ajoutait l’orateur, malgré sa foi vive à tous les dogmes catholiques et son ferme attachement à la doctrine des grands hommes de Port-Royal, M. l’abbé de l’Épée n’était ni un dévot ombrageux, ni un homme de parti. Nulle espèce de fanatisme n’avait accès dans son âme ». Mais, chose étrange, Fauchet, si nettement janséniste en cet endroit, prit aussitôt parti pour le fanatique Beaumont, « persécuté de la manière la plus inique pour avoir fait constamment ce qu’il regardait comme son devoir». Il blâma le recours aux tribunaux contre les refus de sacrements, et il représenta la Loi du silence de 1754 comme « un grand attentat contre la liberté de l’homme et du citoyen ». Le Nouvelliste n’a pas manqué de relever cette affirmation singulière, et il a cité les principaux passages de cet éloge, qu’il disait plein d’une éloquence noble et vraie, et contenant des beautés d’un ordre supérieur[1].

Le 24 juillet 1790 les Nouvelles ecclésiastiques publièrent un article relatif à la Constitution civile du clergé ; Guénin de Saint Marc, qui l’avait rédigé, approuvait sans réserve le rapport de Martineau, et il trouvait le plan du comité ecclésiastique « très judicieux, conforme à l’esprit de l’Église et aux principes essentiels de son gouvernement ». Cet article et ceux qui suivirent déplurent fort à un certain nombre de lecteurs, et le jansénisme français fut immédiatement divisé comme il l’avait été cinquante ans auparavant, au temps des convulsionnaires et des antisecouristes. Parmi les partisans de la Constitution civile du clergé se trouvaient des jansénistes de marque, tels que Louis

  1. Fauchet insinuait que l’abbé de l’Épée voyait avec indifférence les miracles du diacre Pâris ; le Nouvelliste le réfuta victorieusement en citant textuellement (p. 80) son testament spirituel de 1744.