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quises, car Mésenguy lui rappelait, dit-il, « les meilleurs temps des solitaires, et l’âge d’or de cette solitude chrétienne[1]. » Fils d’un simple ouvrier de Beauvais, il parvint à faire au collège de cette ville d’excellentes études qu’il termina à Paris, au séminaire des Trente-trois. Il fut sept ans régent dans le collège où il avait étudié, puis on le ramena à Paris sous la direction de Rollin et de Coffin. Appelant et réappelant comme eux, il publia de nombreux ouvrages, notamment un Abrégé de l’ancien Testament en dix volumes qui aurait bien dû décourager Berruyer et l’empêcher de composer son Histoire du peuple de Dieu. Vintimille eut recours à lui pour corriger le Bréviaire de 1736, et il lui confia la rédaction du Missel de 1738, lequel est tout entier l’œuvre de ce modeste ecclésiastique, un simple acolyte[2]. Mais son ouvrage capital, c’est l’Exposition de la doctrine chrétienne, résumé des conférences religieuses qu’il faisait aux grands élèves du collège de Dormans-Beauvais. Il y travailla toute sa vie, car il s’en fit de très nombreuses éditions depuis 1744, en cinq ou six volumes in-12 et en un volume in-4o. Cet ouvrage était jugé admirable et les contemporains, tels que Ségur, ancien évêque de Saint-Papoul, Fitzjames et le duc d’Orléans, s’extasiaient devant les rares talents de son auteur. Un pareil livre ne pouvait manquer d’être attaqué avec violence par les Jésuites ; il le fut une première fois en 1748, mais, sur le conseil de Caylus, Mésenguy dédaigna des attaques anonymes. Les Jésuites revinrent à la charge, et dans le Dictionnaire des livres jansénistes publié en 1752, le Père Patouillet

  1. Port-Royal, tome III, p. 633.
  2. « J’ai eu la plus grande part au missel, ce qu’il ne faut point dire, de peur que par là il ne devienne plein d’erreurs. » — Lettre autographe de Mésenguy (1758).