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Fleury serait « le déshonneur du règne de Louis XV ». L’histoire ne va pas aussi loin ; elle sait gré au cardinal Fleury du bien qu’il a fait en remettant un peu d’ordre dans nos finances, mais elle reconnaît que sa politique religieuse, tracassière et violente, a eu des résultats désastreux.

Cette politique fut continuée par l’ancien évêque de Mirepoix, par le théatin Boyer, créature de Fleury, qui eut après lui ce qu’on appelait la feuille des bénéfices, c’est-à-dire le ministère des cultes. Boyer (1675-1755) était prédestiné au rôle qu’il a joué dans l’histoire religieuse de la France il avait quatre frères moines et quatre sœurs religieuses, et ses panégyristes l’ont représenté comme ayant surtout les vertus monacales. Grand ami des Jésuites, c’était un constitutionnaire militant, et son zèle intolérant s’est manifesté partout, même à l’Académie française, car c’est à cause de lui surtout que Piron ne fut pas même académicien. Évêque de Mirepoix en 1730, il fut en 1736 préféré à Massillon pour le poste de précepteur du dauphin, père de Louis XVI, et il fit de ce prince un dévot et presque un bigot. Chargé des affaires ecclésiastiques après la mort de Fleury, il le fit regretter, car il n’avait pas ses manières engageantes et son urbanité. Il fonça sur les adversaires de la Bulle, et il s fit pleuvoir les lettres de cachet ; il s’attaqua simultanément aux Doctrinaires, aux Oratoriens, aux Génoivéfains, et il ne craignit pas de se commettre avec le duc d’Orléans, fils du Régent qui protégeait ces derniers, et qui, après avoir vécu comme un saint, mourut privé de sacrements en 1762, parce qu’il n’acceptait pas la Bulle. Quand Boyer mourut octogénaire en 1755, l’Église de France était en feu à cause des billets de confession et des refus de sacrements.