Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/99

Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
chapitre v

silence de si horribles calomnies, elle lui en ferait faire une rétractation publique, puis renverrait dans quelque maison éloignée pour y faire pénitence. » Loin de là, « il fut fait alors recteur du collège de Blois, ensuite recteur du collège de Rouen, et à quelque temps de là, supérieur de la maison professe de Paris. Ainsi, sans avoir fait aucune réparation de tant d’impostures si atroces, il continua le reste de sa vie à dire ponctuellement la messe tous les jours, confessant et donnant des absolutions, et ayant sous sa direction les directeurs mêmes de la plus grande partie des consciences de Paris et de la cour. On n’ose pousser plus avant ces réflexions, et on laisse aux Révérends Pères jésuites à les faire sérieusement devant Dieu. »

La bulle qui censurait les cinq propositions condamnait vaguement Jansénius, mais elle soutenait plus vaguement encore saint Augustin en se contentant de dire « qu’il ne pouvait évidemment pas être question de l’anathématiser ; le règne de l’équivoque va commencer pour ne plus finir. Publiée à Rome à la fin de mai 1653, la bulle mit un mois à faire le voyage de France, et aussitôt le monde politique et religieux s’en empara. Les jansénistes l’acceptèrent sans difficulté, car ils reconnaissaient que les propositions étaient condamnables en un certain sens, et il leur suffisait que la doctrine orthodoxe fût à l’abri des censures, comme Innocent X le déclarait solennellement à tous propos. Il faut voir, sur les dispositions de Port Royal en cette circonstance la très curieuse conversation qui eut lieu à cette époque chez Valentin Conrart entre le docteur Taignier, ami particulier de G. Hermant, et deux protestants, deux pasteurs amis de Conrart[1] Conrart et

  1. Hermant, Mémoires, II, p. 96.