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histoire du mouvement janséniste

lence ; quand on les dispersa par la force, ils se retirèrent, sauf à revenir dès que la chose fut possible. Leur attitude pendant la Fronde fut admirable ; ils refusèrent les sacrements aux frondeurs ; ils contribuèrent à maintenir l’ordre dans le vallon de Port-Royal, et les tours, les fortins qu’ils construisirent alors se dressent encore aujourd’hui au milieu des ruines de l’antique abbaye. Ils firent enfin, notamment M. de Bernières, des miracles de charité pour soulager l’affreuse misère de ces temps de calamité. En un mot l’histoire des Messieurs est un des beaux chapitres de l’histoire de Port-Royal.

À l’histoire des Messieurs se rattache naturellement celle des Petites Écoles, une autre création de l’abbé de Saint-Cyran. Les religieuses avaient des pensionnaires ; elles élevaient des petites filles dont les unes étaient destinées par leurs parents à la vie religieuse et les autres à la vie du monde ; il était naturel de voir les Messieurs procéder de même pour l’éducation des jeunes gens. Saint-Cyran et ses continuateurs n’ont jamais eu la prétention de rivaliser avec l’Université, avec les Jésuites et avec les Oratoriens ; ils ne voulaient pas fonder des collèges, si ce n’est peut-être comme ceux du Moyen Âge et de la Renaissance, comme le collège de Coqueret illustré par Ronsard et qui ne comptait pas douze écoliers. Ils n’ont pas songé non plus à donner gratuitement l’instruction élémentaire aux enfants du peuple ; c’était l’affaire des curés de paroisse et de leurs vicaires ; il ne devait y avoir dans les Petites Écoles de Port-Royal qu’un très petit nombre d’élèves. Saint-Cyran les aurait volontiers réduits à six ; ses premiers disciples allèrent jusqu’à vingt-quatre dans le cul-de-sac de Saint-Dominique. Ils élevaient des enfants riches auxquels furent adjoints par-