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histoire du mouvement janséniste

dès le mois d’août 1644, le 21 décembre, la Mère Angélique, chargée d’une mission très désagréable était obligée d’écrire à la princesse le petit billet que voici : « Ayant dit à M. Singlin ce qu’il vous avait plu me commander, il m’a dit de vous écrire qu’il vous supplie très humblement de trouver bon qu’il ne se mêle plus de cette affaire, ne pouvant plus vous y servir qu’en priant Dieu qu’il vous conseille et qu’il bénisse la résolution que vous prendrez. C’est ce que nous ferons avec lui, et pour tout ce qui vous regarde, avec tout le soin et l’affection que nous sommes obligés d’avoir. Dans cette intention, je m’en vais à la sainte messe, où j’offrirai la sainte communion à Dieu pour lui demander ses miséricordes pour vous[1] » Et le lendemain la Mère Angélique écrivait à son frère : « Je viens d’écrire à notre princesse ce que M. Singlin m’a dit, de la supplier de le dispenser de se mêler plus de la conduite de M. son fils, à quoi je le vois absolument résolu, de sorte qu’il serait absolument inutile de lui en parler davantage. C’est pourquoi je vous supplie de le faire trouver bon. Vous voyez bien vous-même que la conduite qu’il croirait être obligé en conscience de tenir pour faire réussir ce petit prince en vrai


    tage à ne point m’en mêler, étant impossible de faire réussir une telle affaire, la passion de L. et de la P. s’en mêlant, et voulant être suivie, sinon en tout, au moins en partie » (Lettre ms. 30.)

    xxxVoici comment Singlin jugeait A. d’Andilly : « Il y a en lui quelque innocence [naïveté] qui diminue comme je crois devant Dieu de beaucoup la plupart de ses fautes et passions, qui seraient de grandes fautes dans un autre moins et plus innocent que lui… » (Lettre ms. n° 29.)

    xxxDans une autre lettre, Singlin s’exprime ainsi : « Jusqu’à ce que Dieu ait fait la rupture de ces deux personnes, elles ne serviront l’une l’autre qu’à s’entrenuire, et surtout la P. à L. »

  1. Lettres I, p. 272.