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histoire du mouvement janséniste

voient disent que c’est un petit chef-d’œuvre. Nous avons fait aussi le côté du cloître, qui est bien clos, et dans lequel nous nous mettrons et y serons fort bien, jusqu’à ce que nous fassions notre chœur, y ayant une grande grille dans la croisée[1]. » Cette église fut dédiée en juin 1648, et la reine de Pologne en fut avisée en ces termes : « Nous avons célébré le jour du très saint Sacrement dans notre nouvelle église, laquelle, à ce que disent tous ceux qui la voient, est la plus jolie et la plus dévote de Paris, quoiqu’elle soit des plus simples. Notre chœur est aussi très beau et commode. Il y a quatre-vingts chaises[2]. » Le chœur dont parle ici la Mère Angélique avait été installé provisoirement dans la croisée méridionale ; le chœur définitif, qui subsiste encore dans ses grandes lignes, qui sert maintenant de lingerie et sous lequel repose toujours la Mère Angélique, fut construit par le même Le Pautre en 1653, aux frais de la marquise d’Aumont.

C’est alors que la marquise de Sablé fit bâtir dans l’axe de ce nouveau chœur le chapitre des religieuses, qui servait de soubassement à son logis, auquel on accédait par un bel escalier spécial. Cet escalier à rampe de bois sculpté était séparé du cloître par un gros mur qu’on a percé depuis ; il n’est pas impossible, comme le dit Sainte-Beuve, que Nicole y ait croisé le jésuite Rapin. L’appartement de la marquise est aujourd’hui une salle de malades ; sa tribune, qui donnait sur le chœur des religieuses, est une chambre d’infirmière. En 1665, on dégustait dans cet appartement des potages exquis, des salades et des confitures ; on y préparait les Maximes de la Rochefoucauld,

  1. Lettres, I, 309.
  2. Ibid.