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chapitre III

et le livre d’Arnauld sortit de cet examen blanc comme neige. C’est à peine si l’on y nota une petite phrase, introduite subrepticement par l’abbé de Barcos et relative aux apôtres saint Pierre et saint Paul, deux chefs de l’Église qui n’en font qu’un. Ce fut un triomphe pour le docteur Arnauld et une grande humiliation pour ses ennemis. Mais le Saint-Siège, fidèle aux traditions de sa politique, ne chercha pas à châtier les calomniateurs ou même à les réprimander, et l’on sait que les Jésuites n’ont jamais cessé de représenter la Fréquente Communion comme un livre abominable. En 1745, leur Père Pichon est revenu à la charge en faisant imprimer une sorte de Fréquente Communion à rebours qui fut condamnée par quarante évêques français. Aujourd’hui le pichonisme est admis presque sans résistance, et l’on voit des dévotes qui communient tous les jours après avoir quelquefois passé la nuit au théâtre et au bal au milieu de danses lascives, pour ne rien dire de plus. L’ouvrage d’Arnauld, que personne ne connaît, est considéré comme un mauvais livre écrit en haine de l’Eucharistie.