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histoire du mouvement janséniste

Saint Sacrement de l’autel, elle établit rue Coquillière, en plein quartier des Halles, une sorte de succursale dont l’existence fut éphémère (1633, 1636, 1638). C’est à l’occasion de cette affaire, engagée dès 1626, et à laquelle prit part saint Vincent de Paul lui même[1], que la Mère Angélique fit la connaissance de l’évêque de Langres, Sébastien Zamet, dont l’intervention dans les affaires de Port-Royal, a fait tout à la fois le bonheur et le malheur de ce monastère. « C’était, dit Racine, un homme plein de bonnes intentions et fort zélé, mais d’un esprit fort variable et fort borné. » Son zèle et sa piété charmèrent tout d’abord la Mère Angélique, et elle se mit sous sa direction avec une docilité d’enfant. C’est par lui qu’elle connut l’abbé de Saint-Cyran, pour lequel Zamet éprouva tout d’abord des sentiments d’estime, d’admiration, de vénération profondes. C’est l’affaire du Chapelet secret du Saint-Sacrement, dont ils prenaient tous deux la défense, qui les rapprocha l’un de l’autre en 1633. Zamet fut alors, dit Racine, « épris de sa rare piété et de ses grandes lumières, et comme il n’avait rien plus à cœur que de porter les filles du Saint-Sacrement à la plus haute perfection, il jugea que personne au monde ne pouvait mieux l’aider dans ce dessein que ce grand serviteur de Dieu. Il le conjura donc de venir faire des exhortations à ces filles, et même de les vouloir confesser. L’abbé lui résista assez longtemps… Enfin, néanmoins, les instances réitérées de l’évêque lui paraissant comme un ordre de Dieu de servir ces filles, il s’y résolut. » C’est donc Zamet qui a donné Saint-Cyran à Port-

  1. D’après une lettre autographe et inédite de la Mère Angélique (25 mars 1627) M. Vincent avait « beaucoup d’affection pour l’affaire du Saint Sacrement ; il dit que déjà il jouit des fruits qu’elle apportera ».