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CHAPITRE II

enflammés, des réquisitoires hyperboliques d’Étienne Pasquier, en 1564, d’Antoine Arnauld, en 1594, de la Martelière, en 1611. Finalement l’Université ne reçut point le coup mortel ; les Jésuites furent déboutés de leurs prétentions après la mort de Richelieu et la disgrâce de Sublet de Noyers, leur plus grand protecteur (1643). Ils étaient profondément irrités contre ceux qui leur barraient la route et ils cherchèrent à se venger. L’avocat de 1594, l’homme qui, en 1602, avait composé contre eux le Franc et véritable discours au roi Henri IV, était mort en 1619 ; mais il laissait vingt enfants et dix neveux et nièces, toute une tribu à laquelle les Jésuites déclarèrent une guerre sans trêve ni merci. Ç’a été, comme on l’a souvent répété, le péché originel de Port-Royal. De là sont issues toutes les persécutions contre la Mère Angélique et contre le monastère dont elle était l’abbesse, contre le docteur Arnauld, contre Arnauld d’Andilly, contre toute la famille Arnauld et contre ses amis, contre l’abbé de Saint-Cyran et contre Jansénius.

Mais ce n’étaient pas seulement les corps constitués comme le Clergé et l’Université qui témoignaient leur antipathie pour les Jésuites ; beaucoup de particuliers éprouvaient le même sentiment, et il est aisé d’en citer quelques exemples, même parmi des hommes illustres, même parmi des saints.

Parmi les catholiques fervents qui n’aimaient pas les Jésuites, il faut mettre en belle place l’illustre cardinal de Bérulle, si célèbre par l’étendue de ses lumières, par sa merveilleuse intelligence des affaires, et par son amour immense de l’Église, comme disait Bossuet. Très bien disposé pour les Jésuites, dont il avait été quelque temps l’élève, il fut d’abord leur ami, leur protecteur lors de ce qu’ils appelaient « l’accident