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chapitre xvii

mais elles vécurent ensuite sans être inquiétées sous la houlette du neveu de Bossuet (1716-1742). Après lui, lorsque l’évêque Poncet de la Rivière lui succéda, elles furent traitées aussi durement que l’avaient été en 1709 les religieuses de Port-Royal ; trente carmélites furent enlevées et exilées en divers endroits. Quant aux Carmélites de Paris, l’histoire de leurs démêlés avec dom La Taste, évêque de Bethléem, est célèbre ; mais c’est après 1746 que commença la grande persécution, parce que l’archevêque Vintimille ne voulut pas se prêter aux mesures de rigueur qu’on lui demandait ; il ne se souciait pas de reprendre le rôle par trop odieux de Péréfixe en 1664.

Les Filles du Calvaire, congrégation tellement régulière et tellement édifiante qu’elle ne pouvait manquer, au dire d’un contemporain[1], de passer pour janséniste, furent attaquées d’une manière indirecte, comme si la Bulle n’était pour rien dans les persécutions dont elles furent l’objet. Elles avaient trois supérieurs généraux notoirement jansénistes : Colbert, évêque de Montpellier ; Caylus, évêque d’Auxerre ; et Bossuet, évêque de Troyes. À la mort de Colbert, en 1738, le roi défendit aux deux autres de lui donner un successeur, comme c’était leur droit et leur devoir, et ce fut le pape Clément XII qui se chargea de nommer ce successeur : l’archevêque Vintimille était substitué à l’évêque de Montpellier. La supérieure générale, Mme de Coëtquen, et les cinquante-deux sœurs des deux maisons de Paris protestèrent contre de tels abus de pouvoir, Fleury répondit à la supérieure par une lettre imprimée d’une rare impertinence[2], et il eut

  1. Daguesseau de Plimont, Mémoires inédits.
  2. Ce sont probablement les amis des religieuses qui ont fait imprimer cette lettre, datée de Versailles le 24 décembre 1738.