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chapitre xvii

très grand nombre d’appelants, surtout dans les provinces de Paris et de Toulouse, dès le 17 mars 1717. La province d’Avignon, très différente des deux autres, avait été travaillée de longue date ; elle était acquise aux doctrines ultramontaines, et c’est par elle que l’ancien évêque de Mirepoix, Boyer, successeur du cardinal Fleury, parvint à dompter la congrégation tout entière. Un ordre du roi fit tenir à Beaucaire, en 1744, le chapitre général qui aurait dû se tenir à Paris ; à force d’intrigues et de menaces on y fit élire général un Père Mazenc, espion et délateur de ses confrères, et, malgré la résistance de là province de Paris, le nouveau général fit signer le Formulaire et accepter la Bulle. Les Doctrinaires furent accusés par les contemporains de s’être déshonorés en pure perte par leurs soumissions réitérées ; — le Père Mazenc se vantait d’avoir signé sept fois, — et ils n’obtinrent même pas la canonisation de leur saint fondateur, mort en 1607, et qui n’est encore que le Vénérable César de Bus.

Les Génovéfains, membres de la Congrégation de France, avaient pour supérieur général, le 7 octobre 1718, quand ils interjetèrent appel, le Père de Riberolles. Ce dernier ne pouvait pas être proposé comme un modèle de constance, car il était partisan déclaré de la Bulle Unigenitus dès 1714. ce qui ne l’empêcha pas d’être le chef des appelants de sa congrégation en 1718, et deux ans plus tard, à l’âge de soixante-quatorze ans, il redevint bulliste militant et persécuteur des Génovéfains appelants. La défection de cette célèbre congrégation fut consommée lors du chapitre général de 1745, sous le généralat du Père Chambroy, digne successeur du Père Riberolles. Mais la Congrégation de France, foncièrement augustinienne, ne fut pas aussi soumise que les Doctrinaires, et dans la suite de