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histoire du mouvement janséniste

au xviiie siècle, et qu’ils avaient des adeptes fervents dans toutes les classes de la société française.

Un journal aussi agressif ne pouvait manquer d’être très attaqué ; il le fut, mais les attaques souvent maladroites que l’on dirigea contre lui contribuèrent plutôt à sa prospérité. Un arrêt du Parlement, en date du 9 février 1731, condamna les Nouvelles ecclésiastiques avec des qualifications très sévères. Gilbert de Voisins, dans son réquisitoire, les accusait de « ramasser les faits au hasard, de propager des soupçons atroces et des imputations calomnieuses » ; mais c’étaient des clauses de style qui ne tiraient pas à conséquence. Vers le même temps parut la lettre non moins sévère de Duguet ; elle put attrister Fontaine de la Roche, elle n’était pas de nature à le décourager, Soanen ayant mis du baume sur la blessure.

En avril 1732, ce fut l’archevêque de Paris, Vintimille, qui dirigea en personne l’attaque contre « le libelle infâme », et l’on a vu au commencement de ce chapitre, qu’il fit aux Nouvelles ecclésiastiques la plus belle réclame que l’auteur pût désirer. Il leur consacra un mandement tout entier qui devait être lu au prône devant un demi-million de fidèles dont la plus grande partie ignorait certainement l’existence de l’ouvrage incriminé. Ce fut bien autre chose quand on vit le roi tenir un lit de justice et exiler 140 membres du Parlement à cause de ce même mandement ; l’auteur des Nouvelles dut se croire alors un très grand personnage. C’est à dater de ce moment que son journal s’est appliqué à rendre compte avec force citations des séances du Parlement, si bien que ce sont des Mémoires aussi précieux pour l’histoire parlementaire de la France que pour l’histoire religieuse du xviiie siècle. Les Nouvelles ecclésiastiques ont donné