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chapitre xvi

geait l’enregistrement pur et simple, dans les vingt-Il quatre heures. C’est une des plus dures et des plus brutales qui aient jamais paru ; le roi y flattait la Grand’Chambre, dont les membres n’avaient pas donné leur démission, et il y traitait comme des écoliers indisciplinés les membres des Enquêtes et des Requêtes. Le Parlement refusa d’enregistrer une Déclaration si outrageante ; elle fut enregistrée par force au Lit de justice tenu à Versailles le ier septembre : mais le Parlement protesta aussitôt contre tout ce qui avait été fait, et, le 3 septembre, 140 de ses membres furent exilés aux quatre coins de la France. Ainsi se termina la grande lutte dont le mandement de Vintimille avait été la cause ; mais le gouvernement ne paraît pas avoir été bien fier de sa victoire, qui n’eut pas de lendemain. Aussitôt après les vacances des tribunaux, le ier décembre 1732, on rappela sans conditions tous les magistrats exilés. On saisit même un prétexte, la mort du roi de Sardaigne, pour négocier secrètement avec le Parlement ; il fut convenu que l’odieuse Déclaration du 18 août serait abandonnée à tout jamais ; le mandement de Vintimille fut mis en oubli et les vingt et un curés qui avaient refusé de le publier au prône restèrent en place[1]. Vintimille désavoué en fut pour sa courte honte, et le zèle du cardinal Fleury se ralentit un peu. Quant au Parlement, il n’abusa pas de ses avantages, car il ne faisait pas alors au gouvernement une opposition systématique, et l’on vit des escarmouches sans importance succéder pendant quelques années à la lutte de 1730 à 1732, en attendant la grande bataille de 1754.

  1. Le curé de Saint-Germain-l’Auxerrois, Étienne La Brue, appelant et réappelant, est mort dans son presbytère en 1747, après son archevêque.