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histoire du mouvement janséniste

rage n’éclatait pas ; un nouveau mandement de Vintimille fit crever la nue au commencement de mai 1732. Il n’était pas bien long, ce mandement du 27 avril, car il avait en tout sept pages d’impression, et il était intitulé : Mandement de Mgr l’archevêque de Paris, portant condamnation de plusieurs libelles qui ont pour titre : Nouvelles ecclésiastiques. La vraie raison d’être de cette condamnation, c’était que les Nouvelles ecclésiastiques, « cet infâme libelle », attaquaient vigoureusement la Bulle Unigenitus, que Vintimille désignait clairement sans oser l’appeler par son nom. Aussi le mandement fut-il très mal accueilli ; vingt et un curés de Paris appelants, demeurés en fonctions parce qu’on n’avait pas osé les immoler, refusèrent de le publier et donnèrent aux fidèles les raisons de leur refus. Parmi eux se trouvaient les curés de Saint-Gervais, de Saint-Germain-l’Auxerrois, de Saint-Séverin, et même celui de Conflans, paroisse d’été des archevêques de Paris. Dans une foule de paroisses pourvues de curés bien pensants, les fidèles sortaient en masse pendant qu’on lisait le mandement, et à Saint-Merry le vieux président de Lesseville assista aux deux grand’messes et sortit deux fois par manière de protestation. Vintimille, qui s’était flatté de détruire le jansénisme en un moment, vit combien il était loin de compte ; il eut donc recours au cardinal Fleury, et le 10 mai 1732, le roi défendit au Parlement, protecteur des vingt et un curés, de prendre connaissance des affaires relatives à la Bulle, de faire aucunes remontrances sur cette défense, et même d’en délibérer. C’était défendre aux magistrats de faire leur devoir ; ils jugèrent qu’il ne leur était pas permis d’obéir, et, séance tenante, le vertueux Titon dénonça le mandement de Vintimille. Aussitôt le roi fit venir à Compiè-