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chapitre xv

percent et des clous dans le crucifiement ; enfin la paix, la tranquillité du pouls, du visage, de l’esprit des personnes sur lesquelles se font ces terribles opérations. Tout cela est inexplicable et au-dessus de toutes les connaissances de la nature et de l’art.

D. — Y a-t-il dans tout cela quelque chose qui vous paraisse évidemment miraculeux ?

R. — Vous m’en demandez trop. Je ne connais pas assez toutes les forces de la nature, et il ne m’appartient pas de décider de ce qui est miraculeux et de ce qui ne l’est pas. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ces faits sont absolument inexplicables à toutes les connaissances que nous avons de la nature et de l’art.

D. — Ce spectacle se passe-t-il avec décence, et n’y a-t-il rien de capable d’offenser les bonnes mœurs ?

R. — Tout s’y passe avec la plus grande décence, et il ne s’y passe pas la moindre chose qui puisse blesser la pudeur, la modestie et la bienséance. Les personnes sur lesquelles se font les opérations que j’ai vues sont pleines de sagesse, et ceux qui y assistent sont d’honnêtes gens qui sont aussi attentifs à ne point tromper qu’à n’être point trompés. Ils étaient tous charmés de ma présence, et à chaque opération l’on m’avertissait afin que je pusse tout examiner ; et quand je rabaissais ce qu’ils croyaient trop merveilleux, ma décision était reçue aussi agréablement que si j’avais parlé le plus conformément à leurs idées ; en un mot, je n’ai vu dans toutes ces personnes-là que candeur, droiture, simplicité et bonne foi.

D. — Qui est-ce qui préside à ces opérations ?

R. — Les deux premières fois, c’étaient des particuliers comme moi, gens d’honneur et en place. Les uns priaient, les autres agissaient. La troisième fois, c’était un ecclésiastique qui paraissait présider à tout.