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chapitre xiv

publié tout récemment, et par l’abbé Couet, grand vicaire de Noailles, dans une relation qui est encore inédite. Le Régent fit agir son ancien précepteur, le fameux abbé Dubois, alors simple clerc tonsuré, qui devint, au cours de cette négociation et grâce à elle, sous-diacre, diacre, prêtre et archevêque de Cambrai. Il était ministre des affaires étrangères, et il venait de faire preuve d’une habileté merveilleuse. Le projet que le Régent et Dubois mirent à exécution consistait à faire recevoir la Bulle en raccompagnant d’un corps de doctrine élaboré par un très grand nombre d’évêques des deux partis. Noailles devait, sans révoquer son appel, jouer le rôle principal dans cette affaire, d’accord avec ses adversaires de la veille et du lendemain, les cardinaux de Bissy et de Rohan ; Massillon servit d’intermédiaire, et Daguesseau, redevenu chancelier après deux ans de disgrâce, apporta le concours de sa parfaite connaissance des affaires ecclésiastiques. Le corps de doctrine fut mis sur pied sans trop de difficulté grâce à des concessions réciproques, et on le fit souscrire, après un examen plus ou moins sommaire, par plus de cent évêques des deux partis. Ensuite Noailles fit une nouvelle instruction pastorale dont les parties essentielles avaient été corrigées ou même entièrement rédigées par Daguesseau[1], et il fut approuvé par Bissy et Rohan. Corps de doctrine et instruction devaient paraître accompagnés d’une déclaration du roi enregistrée au Parlement. Mais le Parlement était exilé à Pontoise à cause de sa résistance aux expédients financiers de l’Écossais Law ; il refusa d’enregistrer la déclaration. Le Régent se rabattit sur le Grand Conseil, qui refusa de même et

  1. J’ai entre les mains le brouillon autographe de Daguesseau.