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histoire du mouvement janséniste

contre les spectacles, et le duc de La Feuillade l’avait accusé de rigorisme, mais Louis XIV avait pris sa défense en disant : « Le prédicateur a fait son devoir, à nous de faire le nôtre » ; et lorsqu’il fut promu évêque avec l’assentiment du Père La Chaise, le roi s’était porté garant de son talent pour la prédication, et aussi de sa piété exemplaire, ce qui prouve qu’il ne le soupçonnait pas de jansénisme. Rien ne faisait pressentir en lui l’adversaire irréductible et le martyr d’une Bulle pontificale.

L’évêque de Mirepoix, Pierre de la Broue (1643-1720), était un ami particulier de Bossuet. Après la mort de l’évêque de Meaux, il avait écrit au Père Quesnel qu’il reportait sur lui toute l’affection qu’il avait eue pour l’illustre prélat, cela prouve seulement qu’il partageait son admiration pour les Réflexions morales et on comprend que leur condamnation l’ait exaspéré en 1713 ; mais, par ailleurs, il était augustinien sans fanatisme, et son zèle le portait surtout à convertir les protestants.

Pierre de Langle enfin, évêque de Boulogne (1644-1724), avait été précepteur du comte de Toulouse, fils de Louis XIV et de Mme de Montespan ; il était, comme La Broue, particulièrement lié avec Bossuet. Il gouvernait saintement son diocèse depuis 1698 et ne se mêlait point aux querelles religieuses avant l’apparition de la Bulle.

Ainsi les quatre évêques de 1717 ne pourraient être mis en parallèle avec ceux qui ont, en 1668, amené la paix de Clément IX ; ce n’est point la cour de Rome qui leur a déclaré la guerre en les accusant de jansénisme ; ce sont eux qui ont incriminé le pape, et qui, lui refusant nettement le privilège de l’infaillibilité, ont cru pouvoir le déférer, en raison de ses erreurs,