Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/255

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
chapitre xiii

à la domination sur les églises particulières. C’est en cela que la Bulle de 1713 est analogue aux Bulles antérieures, mais sous d’autres rapports elle en diffère profondément. Ce n’était plus, comme en 1653, cinq petites phrases latines à double sens ; on s’attaquait à du Quesnel bien authentique, écrit en excellent français, et dont tout le monde pouvait vérifier l’exactitude. Ici plus de distinction possible entre le fait et le droit, la question de droit subsistait seule. Et quelle profusion d’erreurs condamnées ! Les Jésuites avaient tiré des Réflexions morales cent cinquante-cinq propositions censurables. C’est le nombre de celles qui furent examinées successivement, et dont la liste, copiée en 1814 par M. Silvy, est aux archives du Vatican. Ils réclamèrent quand ils n’en trouvèrent que cent une. Mais on dit que le pape leur répondit avec humeur. ; « Vous m’avez annoncé qu’il y en avait plus de cent je vous ai donné la bonne mesure, je n’en condamnerai pas une de plus. » Si ce propos est authentique, il est profondément attristant, car il fait voir avec quelle désinvolture on traitait à Rome les questions religieuses les plus graves, et il justifierait le jugement très sévère qui fut porté sur la Bulle dès 1713. Cette désinvolture extraordinaire apparaît mieux encore si l’on se reporte à une note autographe de Clément XI qui est au Vatican. Elle a été copiée par M. Silvy en 1814, au temps où les archives de Rome, enlevées par Napoléon, étaient encore à Paris. Le pape avait procédé à l’examen de la douzième proposition, ainsi conçue :

Quand Dieu veut sauver l’âme, en tout temps, en tout lieu,
L’indubitable effet suit le vouloir d’un Dieu.

Et voici le jugement de Clément XI parlant comme docteur particulier : Suspecta de haeresi, nisi sint