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chapitre xiii

rales n’en fut point diminué. C’est alors que le fameux Père Tellier, successeur de La Chaise en 1709, prit l’affaire en mains. Il choisit deux évêques, ceux de Luçon et de là Rochelle, qui firent en 1710 une ordonnance contre le livre si admiré depuis quarante ans : « livre plein de dogmes impies, disaient-ils, où toutes les erreurs et toutes les maximes des jansénistes étaient enseignées presque à chaque page, etc. » Pour mieux insulter l’archevêque approbateur, les neveux de ces deux prélats, séminaristes à Saint-Sulpice, firent afficher l’ordonnance de leurs oncles à la porte de l’archevêché. À ce coup, Noailles sortit desa torpeur habituelle ; il chassa de Saint-Sulpice les neveux des deux évêques, et il publia, le 28 avril 1711, un mandement pour condamner l’ordonnance de leurs oncles, auxquels s’était adjoint un troisième suppôt des Jésuites, l’évêque de Gap. À ce moment, Tellier ourdit contre le cardinal un véritable complot. Il rédigea une dénonciation destinée au roi, et il entreprit de la faire signer secrètement par une soixantaine de prélats à sa dévotion. Il avait déjà, dit-on, recueilli trente signatures, et il attendait les autres dans la huitaine, lorsque la mine fut éventée ; c’est ce qu’on appelle l’affaire Bochart de Saron. L’archevêque fut mis en possession d’une de ces lettres avec preuves à l’appui, et on publia le tout, à la grande confusion du Père Tellier ; mais il se contenta de changer ses batteries et de recourir au pape par l’entremise du roi. Noailles indigné ôta aux Jésuites de son diocèse le pouvoir de prêcher et de confesser, et dans une lettre ouverte à un de ses confrères, l’évêque d’Agen, il se déclara hautement partisan de l’augustinisme et du thomisme, dût-on l’appeler janséniste et fauteur de jansénisme. Mais il disait en même temps qu’il était prêt, si telle était