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histoire du mouvement janséniste

gustinus, se greffa sur l’ancienne : l’histoire de la Bulle Unigenitus va commencer.

Si Noailles avait été un autre homme, il aurait relevé le gant et répondu à ce défi en protégeant ouvertement Port-Royal ; il aurait fait comme son confrère Le Tellier, archevêque de Reims, qui n’hésita pas à tenir tête aux Jésuites. Ce dernier fit paraître en 1697 une ordonnance où il flétrissait le molinisme et établissait fortement la Grâce efficace par elle-même et la prédestination gratuite, qui sont, disait-il, les fondements de la doctrine. de saint Augustin et de la foi de l’Église. Les Jésuites capitulèrent devant Le Tellier[1] mais ils se dédommagèrent en fonçant sur l’archevêque de Paris. On vit paraître un Problème ecclésiastique demandant ironiquement qui l’on devait croire, ou de Noailles, évêque de Châlons, approbateur de Quesnel, ou de Noailles, archevêque de Paris, condamnant Barcos. L’archevêque se troubla ; il recourut à Bossuet, qui prit franchement la défense des Réflexions morales, et déclara sans ambages qu’on trouvait dans cet ouvrage admirable, « avec le recueil des plus belles pensées des saints, tout ce qu’on peut désirer pour l’édification, pour l’instruction et pour la consolation des fidèles ». Mais Noailles tergiversa, il ne joignit pas à la nouvelle édition de 1699 la justification rédigée par Bossuet ; la peur de passer pour janséniste et d’encourir ainsi la colère du roi l’amena peu à peu à persécuter et même à détruire Port-Royal. Une fois entré dans cette voie, il alla plus loin que Péréfixe et que Harlay[2].

  1. En 1703 ils le firent disgrâcier sous prétexte qu’il avait correspondu avec le P. Quesnel.
  2. Il y a aux archives du Vatican une apologie de Noailles par lui-même où on lit ces mots : « La destruction de Port-Royal est