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chapitre x

volonté pour favoriser ses amies les signeuses. Il avait beau protester de sa tendresse pastorale pour les religieuses des Champs, il était ulcéré au fond parce que la paix s’était faite sans lui, à son insu et même contre lui, puisqu’on s’était caché de lui aussi bien que du Père Annat. Il se garda bien de venir en personne à Port-Royal des Champs et il tâcha d’empêcher la publication des Pensées de Pascal. Du moins, il donna au monastère un excellent supérieur en la personne de Claude Grenet, docteur de Sorbonne et curé de la paroisse Saint-Benoît. Approbateur de la Fréquente Communion, en 1643, il avait pris en 1655 la défense d’Arnauld et il s’était fait exclure de la Sorbonne plutôt que de signer la censure de ce docteur. Il fut durant seize ans l’ami des religieuses, et il les conduisit avec tout le zèle et toute la prudence possibles. Il mourut à soixante-dix-neuf ans, en 1684, et il fut enterré à Port-Royal. Depuis 1711 il repose dans l’église de Magny. On comprend qu’un tel supérieur ait laissé le champ libre à des confesseurs tels que Lemaître de Saci et Claude de Sainte Marthe. Quant à Péréfixe, il mourut jeune encore, à soixante-cinq ans, le 31 décembre 1670, six mois après la fameuse Sœur Flavie, la vierge folle, comme dit irrévérencieusement dom Clémencet, et après le non moins fameux Père Annat. On dit qu’il eut en mourant « des transports et des regrets cuisants de ce qu’il avait fait contre des religieuses qu’il avait toujours reconnues dans le fond de son cœur pour innocentes ».

Port-Royal, en 1669, refleurissait, dit Sainte-Beuve qui s’inspire ici de Besoigne (II, 469), et, en effet, on voyait venir au désert « gens d’épée, magistrats, prêtres, dames de qualité, princesses… Des religieuses étrangères venaient y passer des semaines et des mois pour