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chapitre x

dilly, sœur de Pomponne, nièce d’Antoine et d’Henri Arnauld, fille adoptive de ses tantes Angélique et Agnès, était une femme de tout premier ordre, une prieure et ensuite une abbesse très agissante. On a d’elle plusieurs ouvrages de piété, et sa volumineuse correspondance, préparée pour l’impression il y a plus de soixante ans par l’éditeur des Lettres de la Mère Agnès[1] montrera peut-être un jour que cette seconde Mère Angélique, moins sublime que l’autre, avait tous les talents, toutes les qualités, toutes les vertus de sa race.

Et que dire de celle que Sainte-Beuve appelle les auxiliaires, c’est-à-dire les Sœurs Briquet, de Brégy, d’Hécaucourt de Charmont, de Saint-Ange, Pineau, Le Féron, pour nommer seulement les principales ? Elles sont redevenues, en 1669, ce qu’elles étaient en 1664, et le souvenir des brillantes qualités qu’elles avaient déployées pendant la persécution ne les tira point de la foule des simples professes. On leur a fait écrire, en vue de l’histoire, des relations qui sont demeurées dans les archives du monastère, et c’est longtemps après la destruction de Port-Royal, aux environs de 1730, que l’on a publié ces œuvres si remarquables ; il en est même qui sont encore inédites. On ne sait rien de la plupart d’entre elles ; ce que l’on connait de la Sœur Madeleine de Sainte-Christine Briquet, les amours de Royer-Collard, se réduit à très peu de chose ; elle fut employée, après 1684, à réunir les écrits posthumes de la Mère Angélique de Saint-Jean, et à procurer, comme on disait alors, une édition des Lettres spirituelles de

  1. Mlle  Rachel Gillet, morte en 1875. M. Prosper Faugère a simplement prêté son nom et rédigé la préface. On a plus de huit cents lettres de la Mère Angélique de Saint-Jean classées et annotées avec beaucoup de soin.