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chapitre ix

l’écart, et il avait mérité cette marque de défiance.

L’expédient que les négociateurs avaient imaginé de concert avec le nonce était le suivant : aux mandements incriminés, qu’il fallait bien sacrifier, puisque le pape les avait condamnés, on substituerait des procès-verbaux secrets que les prélats rédigeraient à leur convenance, et au bas desquels se trouveraient les signatures demandées. Pavillon adhérait à cette combinaison ; mais il mettait à sa condescendance une condition sine qua non : les religieuses de Port-Royal et les ecclésiastiques qui leur étaient unis bénéficieraient de la pacification au même titre que les quatre évêques. Le nonce accepta, et dès lors la négociation suivit son cours, avec la lenteur qui caractérise ces sortes d’affaires. Pavillon finit par signer une lettre collective au pape, les trois autres évêques signèrent de même, et l’on apprit au mois d’août 1668 que le pape était favorable à l’expédient des procès-verbaux de synodes. L’affaire du Rituel d’Aleth vint à la traverse et faillit tout gâter, car on avait obtenu de Clément IX un bref qui condamnait au feu cet excellent livre, et Pavillon n’était pas homme à subir un tel outrage. Mais les évêques de France, qui s’étaient décidément ressaisis, prirent son parti ; vingt-neuf d’entre eux approuvèrent le livre si malencontreusement condamné ; la sagesse des ministres de Louis XIV et celle du nonce Bargellini firent le reste, et les négociations pour la paix n’éprouvèrent plus de contre-temps. Il fallait en finir, et Clément IX était d’autant plus de cet avis qu’il craignait, au dire de Péréfixe, de voir quatre-vingts évêques se soulever. En vain les ennemis de la paix dirent au nonce et au pape même que les jansénistes les trompaient par des déclarations mensongères ; leur parfaite loyauté fut mise en lumière par les négociateurs, et le