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chapitre ix

M. Bail. Il croyait alors tout le mal qu’on lui avait dit des religieuses de Port-Royal ; mais quand il les vit de près, il changea du tout au tout, et loin de les persécuter il prit courageusement leur défense. Auprès de lui se trouvait, à titre d’aumônier sans doute, l’abbé Floriot, auteur d’une Morale du Pater et de quelques bons ouvrages. Ces deux ecclésiastiques étaient encore à Port-Royal le 13 novembre 1664, deux mois et demi après l’enlèvement du 26 août, et ils y exerçaient paisiblement leur ministère ; Péréfixe n’avait pas eu le temps de songer au monastère des Champs. Il y passa quelques jours du 13 au 18 novembre ; il interrogea la prieure, la Mère du Fargis, ainsi que plusieurs religieuses ; il batailla avec les deux ecclésiastiques qui n’avaient pas signé le Formulaire et qui ne voulaient pas le signer, et sa visite aux Champs se termina par une excommunication des religieuses, qui ne firent même pas leurs pâques en 1665. Le 30 novembre, une lettre de cachet fut expédiée par ses soins ; Floriot et Paulon furent chassés ; le médecin Hamon, visé par cette lettre, s’esquiva par les jardins. C’est à cela que se borna jusqu’au mois de juillet 1665 la persécution de Port-Royal des Champs ; son heure n’était pas encore venue.

On voit par ce qui vient d’être dit qu’en somme Péréfixe fut vaincu dans cette lutte, parce que les religieuses de Port-Royal, malgré une douzaine de défections, avaient su conserver l’union qui fait la force. Elles furent d’ailleurs secondées d’une façon merveilleuse par le dévouement de leurs amis. Ils étaient nombreux, et la Providence leur en suscitait chaque jour de nouveaux, parce que l’héroïsme de ces femmes faisait l’admiration de tous les honnêtes gens. Aussi furent-elles toujours, malgré la rigueur de leurs