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histoire du mouvement janséniste

Il suit de là que les jugements de Sainte-Beuve ne sauraient être admis sans contrôle ; il est un peu comme un historien qui parlerait des persécutions en reprochant aux martyrs, ce qu’ont fait les libres penseurs de l’école de Sainte-Beuve, une obstination maladive.

Quoi qu’il en soit, voici, d’après l’excellente Histoire des persécutions, comment se sont déroulés les événements qui suivirent les lettres patentes de Louis XIV. Le 7 juin 1664, Péréfixe publia un mandement qui fut jugé bien étrange et réfuté par Nicole, dix jours après sa publication, dans la quatrième de ses Lettres sur l’hérésie imaginaire. L’archevêque semblait, en effet, ouvrir la porte à un refus absolu de signature, car il disait qu’à moins d’être malicieux ou ignorant, on ne pouvait soutenir que les constitutions des papes Innocent X et Alexandre VII demandaient une foi divine pour le fait, pour lequel on ne pouvait exiger qu’une foi humaine et ecclésiastique. Mais ce qu’il accordait d’une main, il le retirait de l’autre, car il embrouillait les choses comme à plaisir, et il tombait dans le galimatias ; le malheureux écrivait sous l’œil vigilant du Père Annat, et pour lui complaire.

Il envoya son mandement à Port-Royal le lendemain même de sa publication, et il vint en personne au faubourg Saint-Jacques pour exiger les signatures de toute la communauté. Il accordait aux religieuses quelques semaines de réflexion, et, dans l’intervalle, ses mandataires, le docteur Chamillard et le Père Esprit, faisaient l’impossible pour les amener à composition. Chamillard leur proposa même, le 3 juillet, un expédient digne d’Escobar. « J’avais pensé, leur dit-il, que

    de P. R. croyaient commettre un péché mortel en signant, elles devaient ne pas signer, car elles seraient alors coupables de péché mortel.