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nastères de femmes, que Péréfixe prétendit contraindre les religieuses de Port-Royal à une signature pure et simple qu’il savait impossible. Ce malheureux archevêque va jouer, durant les années qui suivirent, un assez vilain rôle que les historiens n’ont pas suffisamment mis en lumière. Tour à tour odieux et grotesque, il s’est vu, comme le doux Nicole le lui a dit publiquement en 1665, « dans la nécessité ou de résister au Père Annat ou d’opprimer les religieuses de Port-Royal. Et comme il était incapable de l’un, il s’est porté avec violence à l’autre. Quelque humble et quelque respectueuse que fût leur résistance, elle n’a pas laisse de l’irriter, parce qu’elle lui attirait les Jésuites sur les bras et l’obligeait à contredire la cour. Ainsi, ayant perdu toutes ses mesures, il s’est abandonné aux mouvements impétueux de sa colère, et n’ayant pas assez de force pour se tirer de cette méchante affaire par une voie digne d’un évêque, qui était de résister aux injustes poursuites de ceux qui sont puissants dans le monde, il s’est jeté sur les faibles avec une impétuosité démesurée, pour s’ouvrir en les accablant un moyen de sortir de l’embarras où il s’était mis[1] »

Ainsi s’explique cette persécution cruelle dont le récit détaillé serait véritablement poignant. Il est d’ailleurs ébauché partout, et si l’on veut aller au fond des choses, c’est facile, car les documents abondent. Ce sont d’abord les actes originaux des religieuses, calligraphiés par la Sœur Catherine de Sainte-Suzanne Champaigne, la paralytique si parfaitement guérie, et revêtus de leurs signatures autographes. Ils ont été conservés, et c’est un des trésors des archives actuelles de Port-Royal. Ce sont ensuite les publications faites à l’heure même,

  1. Apologie des religieuses, 2e partie, publiée en 1665, p. 84.