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chapitre viii

visite à Port-Royal, et sa fille Mlle  de Montpensier y vint deux fois et donna des marques de sympathie non équivoques. Monsieur, frère unique du roi, avait de tout autres préoccupations, et ce n’est pas en ennemi qu’il venait à Port-Royal de Paris voir Mme  de Sablé ; Madame songeait à devenir pieuse quand elle mourut prématurément à vingt-sept ans. Mais c’est surtout chez les Condé que Port-Royal trouva des admirateurs, des amis et des protecteurs. Le prince Henri, mort en 1646, était lié avec les Jésuites et très hostile aux jansénistes, contre lesquels il lutta même la plume à la main ; le vainqueur de Rocroi, qui devait mourir saintement entre les bras d’un jésuite, fut longtemps un esprit fort et même un impie déclaré, mais il respecta toujours les convictions de sa sœur la duchesse de Longueville, et lors de la paix de l’Église il seconda ses pieux desseins.

Cette admirable sœur, revenue de ses égarements, s’unit à Port-Royal en 1658, et jusqu’à sa mort en 1679, c’est-à-dire vingt années durant, elle fut l’amie dévouée et la protectrice courageuse des jansénistes. Elle est trop connue pour qu’il soit nécessaire de la mentionner plus longuement. Que dire enfin de son autre frère, Armand de Bourbon, et de la princesse de Conti sa femme ? Les ossements du prince reposent dans la crypte de l’oratoire-musée de Port-Royal, et c’est Mgr Fuzet, archevêque de Rouen, qui les y a fait déposer en 1905, désavouant ainsi les vilaines pages qu’il avait écrites jadis pour faire sa cour aux Jésuites, comme il l’a reconnu lui même avec une humilité bien courageuse. Quant à la princesse, dont les entrailles furent enterrées en 1674 dans l’église du monastère des Champs, c’est avec raison que Sainte-Beuve l’a appelée « l’amie et la protectrice la plus agissante, la