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bien fait. J’ai continué en disant qu’étant revenue ici je n’avais jamais osé demander à le lire, quoique j’en eusse bien envie, parce qu’on ne le lit point céans, ni les autres qui traitent des matières du temps[1] » Jacqueline Pascal eut le temps de s’instruire avant que son frère lui permit de se faire religieuse, et il est trop évident que celles qui à titre d’abbesses ou de prieures ou de maîtresses des novices, furent en rapport avec des personnes du dehors, savaient quelque chose des disputes ; mais ces exceptions ne font que confirmer la règle, et elles prouvent que la Mère Angélique ne saurait être soupçonnée d’insincérité.

Le plus important des interrogatoires, celui qui aurait le mieux éclairé Sainte-Beuve sur les véritables sentiments des religieuses de Port-Royal, c’est le quatorzième, celui de Sœur Angélique de Saint-Alexis (d’Hécaucourt de Charment), une femme de talent dont on a une très belle relation de captivité[2]. Il a ceci de particulier que la Sœur de Saint-Alexis remit au visiteur une profession de foi écrite qui était une réponse péremptoire aux invectives de son sermon du 11 juillet. Voici ce qu’on lit entre autres choses dans cette belle page:

« Je vous donne assurance que depuis plus de vingt ans que Dieu m’a fait la grâce d’être dans cette maison, je n’ai jamais entendu parler des matières dont il est question, et que vous êtes le premier, monsieur, qui nous ait entretenues de cette doctrine ; que nos confesseurs ne nous en ont jamais instruites ni en public ni en particulier ; mais qu’ils nous ont seulement exhortées à l’observation de notre règle, à la

  1. Hist. des persécutions, p. 108.
  2. Cet interrogatoire est du 15 juillet, en l’absence du doyen de Contes. — Hist. des persécutions, p. 100.