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chapitre vii

sans réserve la foi de l’Église catholique, qu’elles condamnaient toutes les erreurs qu’elle condamne, et que leur signature était un témoignage de leur disposition[1] ».

Port-Royal des Champs ne fut pas d’aussi bonne composition ; il y eut notamment deux religieuses, la Mère du Fargis et la Sœur de Sainte-Euphémie, qui avaient des scrupules terribles. Elles cédèrent enfin, et elles signèrent comme leurs sœurs du faubourg Saint-Jacques mais la prieure en fut malade à la mort, et la sœur de Pascal en mourut à trente-six ans le 4 octobre 1661. Les signatures ainsi extorquées ne servirent de rien, car le mandement sauveur fut cassé et déclaré nul par un arrêt du Conseil du roi le 9 juillet, et le pape, auquel on l’avait déféré, le désapprouva par un bref où il accusait les grands vicaires de mensonge ; ce fut une véritable affaire d’État que l’histoire de ce mandement à Paris, à Fontainebleau et à Rome. Finalement, après bien des péripéties que Sainte-Beuve n’a peut-être pas étudiées d’assez près dans Hermant, dans l’excellente Histoire des persécutions, ou dans l’Histoire de dom Clemencet, qui est ici très exact, les grands vicaires épouvantés se rétractèrent et publièrent dans les premiers jours de novembre un second mandement tout différent de celui que Pascal avait revu ; car le texte qu’ils publièrent leur avait été imposé par Pierre de Marca, d’accord avec le Père Annat. Il ne pouvait plus être question de signer purement et simplement comme l’exigeait le roi ; les filles de la Mère Angélique ne pouvaient consentir à commettre deux péchés mortels, en proférant un mensonge et en rendant un faux témoignage. Tout ce

  1. Clémencet, tome IV, p. 157.