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histoire du mouvement janséniste

ment le jansénisme, et que trois raisons l’y obligeaient, sa conscience, son honneur et le bien de son état, l’archevêque de Rouen répondit que cette résolution n’était pas seulement celle d’un roi très chrétien, mais d’un roi saint, et que le clergé répondrait aux intentions de Sa Majesté. Quelques jours après, il exalta devant l’Assemblée la générosité chrétienne du roi, et il alla jusqu’à dire qu’il serait aussi grand saint devant Dieu que grand roi devant les hommes. Dominée et tyrannisée par les archevêques de Rouen et de Toulouse, l’Assemblée délibéra longuement et confusément durant tout le mois de janvier 1661. Mazarin se plaignait que les évêques embrouillaient tout, et en effet on peut lire dans Hermant, d’après des comptes rendus individuels, le récit de ces discussions qui ne font pas honneur au clergé français. On y voit que l’évêque de Laon, César d’Estrées, établit clairement le 21 janvier que les assemblées du clergé n’ont pas le droit de s’occuper de questions dogmatiques, parce qu’elles ne sont pas des conciles nationaux. Convoquées par les rois, elles ne doivent s’occuper que de choses purement temporelles, apurer les comptes des receveurs du clergé et fixer le taux de la contribution connue sous le nom de don gratuit. Faire des formulaires et prétendre les imposer, c’était s’attribuer un droit que l’on n’avait pas. Finalement, César d’Estrées, le futur cardinal, « convainquit toute l’Assemblée qu’elle devait tellement s’expliquer sur le fait de Jansénius qu’elle déclarât ne point obliger en conscience de le croire comme de foi. « C’était déclarer nulles toutes les décisions de l’Assemblée et mettre à néant le Formulaire. Mais les contradictions, les illégalités, les coups d’autorité ne gênaient pas des prélats courtisans : n’allait-on pas entendre l’archevêque