Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
histoire du mouvement janséniste

quant au sens, et qu’elles contenaient comme un précis de la doctrine du livre, quoiqu’elles ne fussent pas conçues dans les propres paroles du livre.

Le pape était dans cet état d’esprit quand il reçut de France une lettre par laquelle l’Assemblée du Clergé lui demandait une constitution nouvelle, déclarant à tout l’univers que les cinq propositions étaient dans le livre de Jansénius et qu’elles avaient été condamnées dans leur véritable sens.

Il s’agissait de se prononcer sur une question de fait, alors que les papes et les conciles avaient toujours déclaré que l’Église même n’est pas infaillible quand il s’agit de faits non révélés et c’est pour cela que l’Assomption de la Vierge Marie n’est qu’une croyance pieuse, et qu’on peut la nier sans cesser d’être parfaitement orthodoxe. Mais c’était une belle occasion pour préparer les voies à une reconnaissance de cette infaillibilité pontificale que la France s’obstinait à rejeter ; Alexandre VII accéda sans difficulté à la prière des évêques français. Une constitution fut improvisée en quelques semaines, sans que l’on prit la peine d’examiner l’Augustinus, et, le 16 octobre 1656, le pape déclarait solennellement que les cinq propositions, celles de Nicolas Cornet, étaient de Jansénius, et qu’elles avaient été condamnées par Innocent X au sens de cet auteur. Et le pape s’élevait avec véhémence contre les « enfants d’iniquité » qui osaient contester ce fait indéniable dont il se portait garant. Le 17 mars 1657, au moment même où l’on imprimait la dix-huitième Provinciale, Pierre de Marca, l’homme lige des Jésuites et du Père Annat, fit accepter par l’Assemblée la constitution qui venait seulement d’arriver en France, et bien qu’elle ne parlât ni de signature ni de formulaire, on décréta qu’elle serait