il convient de tenir compte de la différence d’âge qu’accusent ces
figures : en effet, tandis qu’à Bruges, à Londres et surtout à Rouen,
nous sommes en présence de femmes faites, à Lille nous nous trouvons
en face d’une toute jeune personne, presque d’une jeune fille.
D’autre part, son type, qui rappelle d’assez prés celui de plusieurs des
saintes présentes dans les tableaux de Londres et de Rouen, partage
LA VIERGE ET L’ENFANT AVEC UN DONATEUR PAR MEMLINC
(National Gallery, Londres.)plus d’un trait avec celui des Madones de David, de celle de Bruges
en particulier. C’est
d’abord la coupe générale du visage, un peu
rond et rempli du bas ;
puis la force du menton, la minceur relative
des lèvres, la saillie de
l’œil et la disposition de
la paupière supérieure
presque abaissée et tendue sur le globe, le
libre flot de la chevelure : toutes particularités qui sont propres
aux femmes de Gérard
David, tandis que celles
de Memlinc ont la mâchoire inférieure plus
étroite, le menton moins
développé, la lèvre inférieure plus grosse,
les paupières relevées
et plissées, les cheveux plutôt massés par mèches. Le dessin
des mains est peut-être encore plus caractéristique : celles de
notre Vierge sont longues et maigres, avec des phalanges très
marquées et les muscles accusés sur leur face externe ; or, c’est
bien ainsi que les affectionnait Gérard David, si attentif à cette
partie de ses figures ; au lieu que Memlinc les aimait sensiblement plus courtes, un peu grasses, avec des fossettes sur leur dos,
vers l’attache des doigts, et des plissements de la peau aux articulations.
Page:Gazette des Beaux-Arts, vol 32 - 1904.djvu/368
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