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LES SALONS DE 1904

(quatrième et dernier article[1] )


SOCIÉTE DES ARTISTES FRANÇAIS
(la sculpture)


Le snobisme du public en faveur des peintres et aux dépens de la sculpture ne suffirait point à lui seul à rendre compte de l’état présent de la statuaire. Il n’est que juste de signaler les difficultés d’adaptation de la sculpture aux conditions de notre vie. La tradition de la grande sculpture décorative semble perdue, depuis que les sculpteurs et les architectes ont dissocié leurs travaux. Lors même que les compositions attestent une dépense réelle de talent, comme le groupe de M. Coutan Vers l’infini, on demeure incertain sur leur destination et l’on ne peut se dispenser de remarquer leur caractère bénévole. Et que dire, dès lors, de tant d’académies, de martyrs, de nymphes, de dieux et d’Amours, qui ne se recommandent point par un égal travail ni par une égale facilité d’exécution ? Quelque demeure officielle les accueillera en province, car ainsi le veut l’Etat, et ainsi de même s’accroîtra le nombre des inutilités sculpturales. Il n’est de monument que là où le sentiment de l’artiste est si intense et si personne) qu’il rajeunit ou renouvelle le sujet, là où il correspond à quelque chose de réel et de vivant. Ainsi M. Navellier, par

  1. Voir Gazette des Beaux-Arts, 1904, t. I, p. 365 et 468, et t. II, p. 24.