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À PROPOS
de

QUELQUES TABLEAUX IMPRESSIONNISTES[1]


Les belles feuilles toujours vertes,
Qui gardent les noms de mourir,

sont celles que cueillent les poètes, — et aussi les autres disciples des Muses, musiciens, peintres, sculpteurs. L’Art nous défend contre l’âge et contre la mort. C’est ce que pensaient les artistes du passé et surtout leurs grands protecteurs, ces Mécènes de la Renaissance qui ne favorisaient souvent les artistes que pour se garder, avec eux, de mourir et recevoir d’eux quelque reflet d’immortalité. C’était bien là le sentiment de Côme l’ancien de Médicis ; car s’il aimait toutes les œuvres d’art, il savait pourtant attacher une estime particulière à celles qui présentaient les plus grandes chances de durée ; et c’est ce qui fait que ce vieux sage donnait la préférence, nous dit un chroniqueur, aux sculptures sur les peintures et recherchait, plutôt que les peintres, les sculpteurs. Car, encore qu’il sût bien qu’il n’est point d’œuvre humaine exempte de mort et inattaquable à la

  1. « Exposition temporaire de quelques chefs-d’œuvre de maîtres contemporains organisée avec le concours de la Société des Amis du Luxembourg » (avril-mai 1904)