Page:Gay - Albertine de Saint-Albe, Tome I.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rait une sorte d’impiété, de sacrilège qui rendrait odieux ceux qui l’oseraient : aucun évènement ne doit en interrompre le cours. Un voyage lointain pourrait seul autoriser la célébration d’un mariage en habit de deuil ; or, je savais qu’Adrien lie devait point voyager ; ainsi je me flattais d’avoir six mois complets avant de songer à notre union. Six mois sont un siècle pour la jeunesse qui redoute, comme pour celle qui espère. Mon ame, un peu remise de ses oscillations, n’éprouva plus que cette tristesse qui me laissait la faculté de m’occuper de celle de mes amis.

Mes amies n’avaient jamais quitté leur mère, et ne pouvaient s’accoutumer à l’idée de ne plus la revoir. On est bien plus uni dans la solitude des