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heureuse situation qu’il vint nous chercher, et nous enlever au spectacle le plus déchirant, à ce moment affreux où l’on se sépare pour jamais de ceux qui vous ont donné le jour ! Époque de la vie qui devrait être imprimée en traits de flamme dans l’ame des enfans, et que l’on cherche presque toujours à effacer de leur mémoire. On se presse d’emmener les malheureux loin du lieu de l’événement ; on s’occupe de les distraire, comme si l’on craignait qu’ils ne fussent trop émus ; et c’est ainsi que, pour ménager leur sensibilité naissante, on étouffe en eux le germe des plus doux sentimens de la nature.

Les domestiques sont habiles à nous persuader que pleurer les morts c’est insulter aux vivans. On