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Dante, que l’on invoque toujours quand il s’agit de supplices abominables, n’a pu trouver ni rêver dans le temps où il vivait, si troublé que fût ce temps, ce damné de la production intellectuelle, roulant sa propre tête, comme Sisyphe roulait son rocher, et la frappant contre des murailles d’airain pour en faire jaillir une dernière étincelle !

alexandre dumas fils

UN MONSIEUR QUI SE FAIT SUER
— le sport a paris —

Voici comment je fus initié aux mystères du sport.

Deux jours avant mon départ de Paris pour retourner dans ma province j’étais aux Variétés, lorsque vers dix heures je vis entrer dans une loge d’avant-scène trois jeunes gens qui, par le tapage qu’ils firent, attirèrent l’attention de toute la salle. Quelle ne fut pas ma surprise de reconnaître dans l’un d’eux un de mes anciens camarades que j’avais perdu de vue depuis longtemps !

Comme j’étais tout près de l’avant-scène, la persistance de mes regards le frappa. Il me reconnut aussi et me fit de la main un signe amical.

À l’entr’acte je m’approchai de l’avant-scène. Mais avant que nous eussions pu échanger dix paroles, ses amis l’appelèrent.

« Pardonne-moi, dit-il en me serrant la main, je suis obligé de partir tout de suite ; seulement je ne pars que si tu me promets de venir déjeuner demain avec moi pour que nous renouvelions connaissance. »

Je promis, il me donna sa carte et s’éloigna.

Lorsque je m’étais lié avec ce camarade à l’école de droit, il se nommait tout simplement Chopard ; sur la carte qu’il me remit je lus : Cho’Pard du Vallon. Je dois dire que cette façon d’écrire Cho’Pard à l’irlandaise m’eût procuré un moment de douce gaieté, si ce nom dans son entier, Cho’Pard du Vallon, n’eût été un de ceux que j’avais vus cités le plus souvent dans les journaux du sport. Hé ! quoi, mon ancien